Alors que le SGDSN et le ministère de l’Intérieur luttent contre les usages malveillants des drones, la Gendarmerie regarde d’un bon œil ce type d’engin depuis déjà plusieurs années.
Identification des plaques d’immatriculation, vision 3D des sites d’accident, surveillance de foules compacts, recherche opérationnelle de personnes… Les gendarmes se sont intéressés aux drones il y a déjà une dizaine d’années. Récemment, l’Euro 2016 a été un bon exemple de l’utilisation des drones de la Gendarmerie nationale pour l’observation et la surveillance de foules compactes. « C’est bien simple, son utilisation est systématique lors des crashes aériens, comme celui au Mali [en 2014, ndlr] », expliquait l’an dernier le lieutenant-colonel Paul Chaudanson, adjoint au chef de la Section de recherches des transports aériens (SRTA) de Roissy CDG. L’utilisation des drones est alors vue comme complémentaire aux moyens des forces aériennes de la Gendarmerie. Dans le cas d’un crash, un premier survol à une centaine de mètres de hauteur permet d’appréhender immédiatement l’ensemble de la scène. Le drone présente aussi l’avantage de pouvoir voler à très basse altitude sans dégrader la zone, comme pourrait le faire un hélicoptère avec l’effet de souffle.
Indépendance de moyens
La Gendarmerie a donc fait le choix de s’équiper par étapes successives d’une capacité nationale de drones, en complément de sa flotte d’hélicoptères. La dernière en date a eu lieu jeudi 23 novembre avec la commande formelle de 19 micro-drones tactiques à la société Novadem. La Gendarmerie nationale disposera donc à l’été 2017 de deux types de micro-drones : les drones « tactiques », des NX70 pour les missions simples, et les drones « durcis », des NX110 plus robustes que les premiers. Avec ces deux commandes auprès de Novadem, la Gendarmerie a fait le choix d’acquérir une flotte de drones en propre, dont les systèmes sont assimilés à des aéronefs d’État et qu’elle peut opérer de manière autonome (cf. encadré). Elle n’est donc pas dépendante de prestataires pour l’emploi opérationnel de drones.
- S1 : utilisation hors zone peuplée, sans survol de tiers, en vue et à une distance horizontale maximale de 200 mètres du télépilote ;
- S2 : utilisation hors zone peuplée, sans tiers au sol dans la zone d’évolution, ne répondant pas aux critères du scénario S1, à une distance horizontale maximale d’un kilomètre du télépilote ;
- S3 : utilisation en zone peuplée, sans survol de tiers, en vue et à une distance horizontale maximale de 100 mètres du télépilote.
Actuellement, des unités spécialisées sont déjà équipées de drones pour des besoins très spécifiques. L’IRCGN (Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale) à Pontoise utilise par exemple les drones pour figer une scène de crime complexe et pouvoir la modéliser en 3D. Cependant, la gestion et l’emploi des drones par la Gendarmerie s’inscrit dans une organisation intégrée des moyens aériens dont le Commandement des forces aériennes de la Gendarmerie nationale (CFAGN) est le pivot. « Les acquisitions échelonnées de drones jusqu’en 2017 permettront d’établir une couverture nationale, déployée principalement dans les unités du CFAGN », nous explique un responsable de la Gendarmerie nationale. Les « précurseurs » (GIGN, SRTA, PJGN), qui utilisent déjà des drones, depuis plusieurs années pour certains, conserveront cependant leurs compétences. Avec la dernière acquisition auprès de Novadem, la Gendarmerie compte sur une flotte d’une trentaine de drones pour l’été 2017. Il n’y a pas de commande supplémentaire de prévue pour le moment car elle souhaite « dans un premier temps s’appuyer sur cette trentaine de systèmes de drones pour consolider sa doctrine d’emploi et expérimenter leur utilisation pour de nouvelles missions ».
« Un système de drone est une aide à la décision pour un commandant opérationnel, notamment grâce à la transmission d’images en temps réel qui facilite l’appréciation exhaustive de la situation et l’expression rapide d’ordre en retour », détaille la gendarmerie. « Son emploi est plus souple et moins onéreux que celui d’un hélicoptère mais les missions qui peuvent être remplies sont différentes, du fait notamment de son déploiement sur un compartiment de terrain restreint, et de son autonomie moindre que celle de l’hélicoptère. » Les drones de Novadem ne viendront donc pas remplacer les 55 hélicoptères de la Gendarmerie nationale, mais les compléter pour certaines missions. C’est la CFAGN qui identifie, en fonction de la mission, le vecteur le plus approprié, mais la décision finale relève du commandement opérationnel.